Bibliotheque
Nos coups de coeur
Trois gouttes de sang comme une fleur
Ecriture de Yannick JAFFRE
Photographie Clément CHATILLON
Le sang ne se synthétise pas, ou pas encore . Concrètement, chaque année, 119 millions de poches de sang sont collectées dans le monde, permettant de soigner et de sauver des milliers de personnes souffrant de multiples maladies, de cancers ou victimes d’hémorragie.
L’acte de donner son sang gratuitement et anonymement reconstruit des existences et, autant que résistent les coquelicots à l’emprise du béton, des vies trop fragiles sont maintenues par ces justes, éloignés des suffisances narcissiques tout autant que de l’évaluation marchande de leurs gestes. Rendre compte de cette éthique délicate et discrète des pratiques ordinaires liant le don, le soin et la gratitude, par un dialogue associant des textes et des photos, nous a semblé essentiel.
Trois gouttes de sang comme une fleur est donc un récit à deux voix – celles d’un photographe et d’un anthropologue – mêlant le réalisme du regard à une appréhension poétique du monde. Une narration entremêlée pour reconnaître l’importance de ces « vies minuscules » sans qui nul ne serait ni soigné ni sauvé.
Par une écriture photographique sensible à l’imaginaire Clément Chapillon a tendu un « fil rouge » reliant les différents acteurs du don, notamment par un dispositif d’autoportraits. Chaque personne photographiée a elle-même « pressé » le déclencheur incarnant ainsi son engagement et par ce geste partageant la solidarité d’une générosité anonyme.
À partir d’entretiens réalisés avec des donneurs, des receveurs et des professionnels de santé, en questionnant sa propre expérience des soins, Yannick Jaffré a questionné les mots du don et ce que la vulnérabilité peut ajouter à l’humain.
Plus que jamais, à l’heure où la société s’interroge sur les valeurs qu’elle a en partage, il est primordial d’évoquer l’autre comme imprescriptible responsabilité et de dire la joie nécessaire du simple remerciement.
De l'or dans le sang
Un liquide précieux coule dans nos veines : le plasma. Sans lui, certains médicaments essentiels n’existeraient pas.
Le marché mondial de cet or fluide pèse 31 milliards d’euros.
En France, le don de plasma est encadré, bénévole, et limité à 24 fois par an. Aux États-Unis, ce don est géré par des entreprises privées, rémunéré, permis deux fois par semaine.
Résultat : deux tiers de ces médicaments utilisés en France proviennent du plasma américain. À la faveur d’un système vampiriste, où les plus pauvres ont les bras percés par les seringues. Et au détriment d’une souveraineté pharmaceu-tique européenne, dont la pandémie de Covid a pourtant montré la nécessité.
Clara Robert-Motta a mené l’enquête durant quatre années sur ce plasma autant sauveur de vies qu’instrument de domination. Son investigation inédite enjambe les pays et les siècles pour révéler, enfin, cet impensé de l’histoire scientifique....